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Morceaux de temps. Cet album m'a marqué
et a influencé mes dessins, cela ne fait aucuns doutes. Le trait
est simple mais tellement juste. Les dialogues si loin de ces conversations
aseptisées que l'on retrouve tant de fois dans les séries,
sitcoms ou autres bandes dessinée qui se veulent jeunes et proches
de la réalité des hommes et des choses. Ils sont souvent
hésitants, parfois cinglant mais toujours justes et vrais comme
si Peyraud passait son temps à sillonner les villes, croquant
par-ci une rencontre, par-là une séparation sous un chapiteau.
La pluie est un personnage à part entière de l’album
qui rapproche ou éloigne les gens. Elle regarde la vie se jouer
derrière les carreaux des fenêtres, s’invite à
une table de café, force les regards. La pluie réunit
les âmes les plus lointaines, les plus différentes, elles
les marient l’espace d’une averse, sous un toit ou sous
un parapluie. Elle est prétexte à de longs coups de téléphone,
à de belles discussions. Elle tombe comme le hasard tombe. Le
hasard d’une rencontre qui se serait fait attendre à jamais
s’il n’y avait pas eu ces gros nuages noirs au-dessus de
cette fille et de ce garçon, contraint de partager pour quelques
minutes le même abri de fortune. Echanges de regards, de sourires.
Lorsque la pluie cesse, la vie monotone semble reprendre ses droits,
les gens se séparent de nouveau, partent chacun de leur côté.
Ils ont vécu, l’espace d’un instant, ensemble, respiré
le même air, regardé les gros nuages s’en aller.
La pluie leur a offert ces quelques morceaux de temps. Peyraud les a
récupérés, il les a fait revivre, humides mais
sincères, dans les pages de cet album sensible et magique.
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